– Etes vous le président du club et si oui depuis quand?
J’ai commencé à diriger des cours d’aikido en 2000, un an plus tard, en acceptant la proposition de mon professeur Jean-Michel WIESNER, j’ai repris sa succession, il venait de décider de partir pour s’installer dans une autre région. Pour tous ses élèves, ce fut une surprise d’apprendre son départ et aussi un bon enseignement !
Parallèlement, j’étais parti me former au Japon à Iwama (village situé à 100kms de Tokyo), dans le fameux dojo du fondateur de l’aikido sous la direction de feu Morihiro SAITO Sensei 9ème dan. En effet ce Maître avait eu la responsabilité et la garde de l’aiki Jinja (sanctuaire de l’aikido) et de poursuivre l’enseignement du fondateur dans son dojo à la mort de ce dernier en 1969.
En 2002, alors que je revenais de plusieurs séjours en tant qu’uchi deshi (élève interne), nous avons décidé de fondé l’aikidojo Herserange, du nom de la ville qui nous a accueillis chaleureusement. Nous sommes toujours reconnaissants envers Monsieur Didelot, maire de la ville pour son soutien dès nos débuts. Membre fondateur à la création, je préside toujours l’association qui prendra le nom : « aikido3f » à l’ouverture d’un second dojo à Haucourt St-Charles ou nous dispensons des cours adultes. Récemment nous avons célébré les 15 ans de l’association et pour l’occasion nous avons décidé d’entreprendre un rafraîchissement du « dojo mère », l’entretien et le respect des lieux de pratiques font parties de la discipline. C’est une des notions du Budo. Essentielle pour démarrer dans de bonnes conditions. C’était aussi un moment de partage beaucoup d’anciens élèves avaient fait le déplacement.
– Quelle a été votre évolution au sein du club?
Quelques années avant l’ouverture du dojo nous avons fait une rencontre décisive. En effet, nous avions organisé un stage avec un « certain » Daniel TOUTAIN qui représentait en France et dans beaucoup d’autres pays l’école traditionnelle Aikido d’Iwama. Cette rencontre marquera définitivement notre pratique, en effet auparavant nous suivions divers professeurs et Maîtres, européens et étrangers mais nous trouvions qu’il y avait un décalage avec ce que nous pouvions imaginer du travail du fondateur dans un premier temps et ensuite il était clair que chacun de ses professeurs développaient une pratique qui lui étaient propre (c’est d’usage en aikido et dans beaucoup d’autres disciplines). Depuis cette rencontre avec Daniel TOUTAIN Sensei, nous avons pris la décision de revoir notre pratique, (certains avaient plus de 20 ans de pratique et acceptaient de reprendre les bases…) afin de nous rapprocher de la pratique originelle. Tant dans la pratique des armes (Buki waza) que pour la pratique à mains nues (Tai Jutsu), tout était rationnelle. A défaut de ce changement d’orientation, aujourd’hui je ne pratiquerai sans doute plus ou alors j’aurai complété mes lacunes avec d’autres arts martiaux… Je serai donc passé à côté de la discipline…
Lorsque j’ai initié la création de l’association, j’étais devenu instructeur officiel et représentant de l’école Iwama, cela représentait déjà un réel investissement, il fallait partir souvent pour se former : stages mensuels, internationaux etc…Ces efforts étaient pour moi dans la logique « des choses » : mon professeur nous quittait, les « anciens » demandaient une suite et pas de dojo Iwama Ryu (école d’Iwama), cela n’existe pas à proximité (il faut toujours aller jusque Champigneulles au plus proche). Je revenais aussi du Japon, riche de nombreuses expériences que je souhaitais partager et travailler. Daniel Toutain Sensei était devenu mon Maître c’est d’ailleurs lui qui m’a introduit à Iwama (on ne s’y rend pas sans recommandations). Habitué à remettre en question mon travail, je crois que je n’ai pas arrêté d’évoluer, je le constate toujours avec mes élèves (anciens et débutants), c’est un excellent miroir. C’est grâce à eux que j’enseigne. Des liens se développent aussi constamment à travers le monde, c’est aussi le sens de la pratique, il n’y a pas de confrontations, pas d’ego, nous progressons ensemble et nous sommes curieux de ce qui se pratique chez nos voisins et nous nous respectons. C’est une grande réussite pour moi d’avoir un dojo, qui représente parfaitement des valeurs inhérentes à l’aikido, il suffit de passer la porte de nos dojos pour voir des pratiquants âgés de 5 à plus de 70 ans, des femmes, des hommes de milieux socio-professionnels différents avec des attentes et des morphologies différentes : certains sont très costauds, souples, grands… Lorsque l’on pratique l’aikido on se doit de continuer à progresser c’est sans fin, les débutants qui découvrent la discipline pour la première fois sont tous très surpris de constater que c’est un art vraiment accessible, et qui attire des personnes d’origines très diverses. Aujourd’hui, j’arrive à l’aube de mes quarante ans et de mes trente années pratique, je constate que c’est une discipline de santé également, elle permet de corriger les mauvaises postures, elle libère les tensions, le stress, je pense qu’on peut vraiment travailler intensément la discipline toute sa vie… et cela correspond au travail laissé par le fondateur. C’est un constat, nous éprouvons toujours un bien-être après l’entrainement. Il apporte une sérénité, c’est important.
Je reviens tout juste d’un stage organisé à l’occasion des 50 ans de pratique de Daniel TOUTAIN Sensei, et je suis émerveillé de ressentir l’évolution constante du travail qu’il nous offre. Lorsqu’on a les bonnes bases , bien sûr !
Depuis la création du dojo, je possède un certificat du Japon pour le jumelage de mes dojos avec celui du fondateur à Iwama, celui-ci est rédigé par la famille SAITO, je dois rappeler que Morihiro Sensei est le seul disciple resté au côté d’O Sensei (fondateur) pendant 23 ans. A l’époque dans les Budos (arts martiaux), seule la transmission « Maître – Elèves » existait, de cette manière, je crois qu’on accorde l’importance à l’humain, à ses valeurs… J’ai obtenu mon premier diplôme d’Etat d’aikido en 2008, c’est à cette période que j’ai commencé à assurer les cours aux enfants, l’année suivante j’ouvrais une section pour adolescents. Les trois sections : enfants, ados, adultes existent toujours. En parallèle le second dojo s’ouvrait aussi.
J’ai eu aussi l’occasion d’enseigner l’aikido au sein de l’éducation nationale, plusieurs années en collège et en écoles primaires, au-delà de la technique, les chefs d’établissements recherchaient sans doute à transmettre des valeurs.
– Combien de membres et d’élèves avez-vous?
Nous comptons une soixantaine de pratiquants, notre association compte ainsi parmi les plus importantes de la région. Certains n’hésitent pas à faire beaucoup de route pour suivre les cours, parfois près d’une heure. Ainsi l’association et composée de frontaliers et de pratiquants et pratiquantes de trois départements : Meuse, Meurthe et Moselle et Moselle.
– Quels sont vos activités?
Nous constatons que la discipline est toujours peu connue du « grand public », et aussi très peu et parfois mal représentée sur ce qui est aujourd’hui notre source principale d’information : les écrans. Nous ne sommes pas une discipline compétitive. Nous essayons avec nos moyens d’être présents sur le « terrain » le plus possible pour rencontrer et informer le public. Par exemple, nous participons et organisons diverses manifestations pour promouvoir les dojos : Plusieurs stands et démonstrations en septembre, portes ouvertes en juin. Nous organisons aussi des stages de découvertes et de perfectionnements. Nous ouvrons pour cette rentrée 2018 un troisième dojo à Villers La Montagne, cela offre la possibilité de pratiquer toute la semaine du Lundi au Samedi. Je crois qu’un professeur d’aikido doit montrer et démontrer par l’exemple toute sa vie (techniquement et dans sa manière d’être). On acquière des diplômes, c’est à vie. Mais ce qui demeure important pour moi, c’est la pratique quotidienne et de pouvoir enseigner à qui veut apprendre. C’est le raisonnement que mes Maîtres mon transmis. L’aikido se pratique et se mets en pratique dans notre quotidien.
– Quels sont vos futurs projets?
Continuer à progresser et respecter les bases très solides que j’ai appris à maîtriser. Continuer de transmettre l’art du fondateur le plus sincèrement possible à ceux qui veulent apprendre ou tester la discipline. Pour ça nous ouvrons un dojo Villers la Montagne, pour cette année se sera essentiellement des cours adultes, mais nous comptons ouvrir rapidement les cours au plus jeunes avec le soutien de Monsieur le Maire et des élus, il y a déjà une forte demande.
Nous organiserons des stages avec :
- Serge MANIEY 6ème Dan et Marc HAZIZA 5ème dan les 16, 17 et 18 Novembre 2018-09-08 (enseignants en Bretagne) http://aikidojo.fr/liffre
- Olivier EBERHARDT 4ème dan, CEN DIRAF, le 9 Février 2019 (enseignant en Bretagne) http://www.dokan-rennes.fr
- Eric SAVALLI 6ème Dan les 2 et 3 mars 2019 (enseignant en PACA) https://aiki-dojo.fr
- Thomas LEBORGNE les 11 et 12 Mai 2019 (enseignant en Mayenne) http://aikidojo.fr/mayorne/
Contact :
Stéphane HLAVACEK 06 86 63 09 19
Mail : s.hlavacek@yahoo.fr
Facebook : groupe « aikido3f »
Le message original été publié sur Facebook en tant que message public à cette adresse: https://www.facebook.com/notes/les-articles-de-selyne/interview-de-stéphane-hlavacek-pour-laikido/2184160045193364/
La version original, réduite fut publiée ici : https://www.republicain-lorrain.fr/editio…rester-zen
Publiched 13 octobre 2018 – Last Updated on 13 octobre 2018 by Eric Savalli / Aikido Blog .net