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Lors des stages qu’il dirige, Daniel TOUTAIN Sensei fait référence à 6 points fondamentaux en Aikido (ces 6 principes sont illustrés dans la série de 14 DVD qui est actuellement en préparation [MAJ Octobre 2010: Les 14 DVDs sont à présents disponibles]). Cette liste a été ici étendue à 10 principes clé fondamentaux.
Chacun de ces points doit être considéré avec autant d’importance.
L’Aikido, c’est l’application de principes de bon sens.
– Daniel TOUTAIN
Tout pratiquant d’Aikido devrait avoir assimilé ces principes de base, afin de les appliquer lors de l’exécution des techniques d’Aikido.
Il faut aussi avoir à l’esprit qu’il y a une forte interconnexion entre ces principes : pour correctement en appliquer un, il faut aussi appliquer les autres. En relisant ces principes plusieurs fois, vous vous en apercevrez par vous même.
Ces dix points fondamentaux sont les suivants :
- Maîtriser son hanmi et déséquilibrer son adversaire
- Avoir du kokyu
- Faire l’awase
- Utiliser des mouvements en cercle et spirale
- Exploiter l’effet de levier
- Placer les atemi
- Kiaï !
- Penser Bukiwaza / Taijutsu
- Penser Un / Plusieurs
- Avoir l’esprit Budo
Plus ils sont assimilés, plus on comprend qu’ils ne sont que l’application de principes simples et de bon sens. Cependant, pour intégrer ces points, il est indispensable de vous référez aux explications d’une instructeur compétent… et avoir une pratique régulière.
Rien n’est acquis et profondément assimilé sans un travail soutenu dans le temps.
Point 1 – Maîtriser son hanmi et déséquilibrer son adversaire
Le hanmi, position correcte des pieds, est caractéristique de l’Aikido. SAITO Morihiro Sensei relatait que le fondateur était très pointilleux à ce sujet.
Un bon hanmi…
Une position correcte des pieds donnera une position correcte des hanches (le corps doit être sans tension). Cette position correcte des hanches entrainant une position correcte de l’ensemble du corps…
Il existe différents types de hanmi (Ken no hanmi, Jo no hanmi, Hitoemi). Le hanmi permet d’être en bonne condition pour appréhender les techniques, que ce soit sur initiative ou non. Il doit être également présent durant l’exécution proprement dite des techniques.
…pour être stable et déséquilibrer son adversaire
La notion de hanmi est indissociable de celle d’équilibre. Avoir un bon hanmi, c’est s’assurer d’une bonne stabilité, nécessaire pour déséquilibrer son adversaire. C’est particulièrement vrai dans le travail en « kihon » (travail statique) mais souvent négligé dans le travail en « ki-no-nagare » (travail fluide). Une personne plus massive que soit sera facilement contrôlée si l’on parvient à la déséquilibrer.
UESHIBA Morihei O-Sensei – Démonstration d’Aikido – Riposte contre plusieurs attaquants.
Le hamni permet de se déplacer dans toutes les directions,
et ainsi de faire face à des attaques de toutes parts.
Point 2 – Avoir du kokyu
Le kokyu est une notion difficile à comprendre et à assimiler. Elle reste cependant indispensable à la réalisation de toute technique. Avoir du kokyu, c’est utiliser et transmettre l’appui du sol à travers le corps. Pour cela, il faut un positionnement correct de tout le corps… trop de relâchement, et le corps n’a plus de puissance ; trop de tensions, et le corps devient rigide, facile à déséquilibrer et incapable de faire circuler efficacement les jeux de force en présence. Il y a là une similitude frappante avec la méditation, où le corps ne doit également être ni trop tendu, ni trop relâché.
Il est également indispensable de mettre en jeu le souffle : une expiration calme et puissante est indissociable d’un bon kokyu (voir aussi le point concernant le kiaï).
UESHIBA Morihei O-Sensei – Démonstration d’Aikido – Kokyu Nage
Point 3 – Faire l’awase
Harmonisation dans l’espace, dans le temps et en terme de forces en action…
« Awase » est un terme qui signifie « adaptation« , « synchronisation« . Cette notion doit intervenir à plusieurs niveaux lors de l’exécution de techniques…
- d’un point de vue du timing
- d’un point de vue des forces mises en jeu
Le mouvement doit en effet être exécuté avec le même timing que l’opposant. Si on réagit trop tard ou trop tôt on ne réalise pas l’awase.
Parallèlement, il faut adapter la puissance et le kokyu que l’on met dans la technique, à ceux engagés par son ou ses partenaires/adversaires. Ainsi, il faudra être d’autant plus relâché que votre adversaire vous saisit fermement ; et inversement.
Instruction de SAITO Morihiro Sensei – Aiki Dojo d’Iwama 2 (Photo 2001- E. Savalli)
S’il était stipulé au dojo d’Iwama que l’emploi de la force pour bloquer une technique était à proscrire, c’était parce que, chaque technique d’Aikido s’applique à une situation donnée d’attaque, si la situation change, il faut appliquer une autre technique… et l’Aikido propose suffisamment de techniques pour répondre à tous les types de situations.
Harmoniser la direction de son regard vis à vis de l’attaquant…
L’awase passe aussi par l’harmonisation du regard… pour bien diriger son kokyu et avoir la bonne position de corps, il est important de diriger son regard correctement, en adéquation avec celui de son adversaire et de son attaque. Ainsi, dans la plupart des cas, il ne faut pas regarder vers l’attaquant mais au contraire suivre la direction de son attaque.
Point 4 – Utiliser des mouvements en cercle et spirale
Le cercle et la spirale sont utilisés dans toutes les techniques d’Aikido. Avoir un mouvement en courbure, est la meilleure façon de réaliser l’awase avec le mouvement de l’adversaire. Pour faire circuler l’énergie et transmettre les appuis au sol, des lignes courbes sont indispensables. C’est un principe physique grâce auquel par exemple la colonne vertébrale est capable de supporter des pressions bien plus grandes que si elle était rectiligne.
SAITO H. Sensei (uke: F. Rousseau) 11/2005 Rennes
Lors de ses cours, SAITO Hitohira Sensei dessine souvent
dans l’espace des spirales pour illustrer ce principe.
Point 5 – Exploiter l’effet de levier
L’effet de levier permet de minimiser l’effort à fournir et amplifier ce dernier. Le fondateur de l’Aikido a su mettre à profit cette loi de la physique dans son savant art.
Daniel TOUTAIN Sensei aime plaisanter à ce sujet, disant qu’il apprécie en Aikido l’obtention d’un maximum d’effet avec un minimum d’effort.
Daniel TOUTAIN Sensei – Stage d’été à Lannion en 2002 (uke: Tom Grundmann)
Le principe du levier est tres visible en bukidori, mais
il est présent dans toutes les techniques d’Aikido.
Point 6 – Placer les atemi
Le fondateur disait que les atemi (coup de poing ou pieds) comptaient pour 99% en Aikido.
L’atemi permet de provoquer une réaction de l’adversaire mais aussi d’assurer que la technique est réalisée à la distance correcte de l’adversaire. Dans bien des cas, les erreurs de placement qui rendent si souvent complètement inefficace les techniques, pourraient être évitées pour peu que l’exécutant porte attention aux atemi.
La notion d’atemi doit être présente à l’esprit à tout moment… et ce, quel que soit son rôle : tant pour celui qui « réagit à l’attaque » que pour celui qui la provoque. Trop souvent, la personne qui saisit s’approche trop de l’autre et, oubliant qu’il pratique un budo, se met en position de recevoir un atemi…
Stage d’été à Auray en 2004 – Sankyo omote – D. Toutain Sensei (uke : JJ. Delgay)
L’atemi est nécessaire à la
bonne réalisation de sankyo omote.
Correctement placé dans le temps et la forme, l’atemi, participe à la réalisation des techniques avec tout le corps.
Point 7 – Kiaï !
Le kiai fait partie intégrante des arts martiaux traditionnels, et l’Aikido n’échappe pas à cette règle.
Le kiaï est l’expression de l’essence même du Budo.
SAITO H. Sensei
Le kiai est cependant peu pratiqué dans les dojo, essentiellement parce qu’après la guerre, les américains qui occupaient le japon interdisait la pratique des arts martiaux. L’utilisation du kiai attirait l’attention sur le nom respect de l’interdit. En revanche, les pratiquants d’arts martiaux étaient beaucoup plus tranquilles en campagne, c’est l’une des raisons qui poussa UESHIBA O’Sensei à s’installer à Iwama.
Dans toutes les vidéos sonores, on peut entendre le fondateur pousser des kiai forts. A Iwama, son kiai était bien connu des villageois et participait grandement à la crainte que le fondateur inspirait auprès d’eux.
SAITO H. Sensei (uke: E.Savalli) – Stage Aikido à Istamboul – 12/2004 – photo © M.S.Dogu
Un kokyu sera d’autant plus puissant
qu’il est accompagné d’un bon kiai.
Point 8 – Penser Bukiwaza / Taijutsu
SAITO Morihiro Sensei insistait beaucoup sur le faite qu’il faut penser Bukiwaza (technique d’armes) en pratiquant Taijutsu (technique à mains nues) et inversement. Techniques d’armes et techniques à mains nues ne font qu’un, c’est d’ailleurs là l’expression de tout le génie du fondateur de l’Aikido qui a su voir les points fondamentaux d’unification et les mettre en pratique dans toutes les situations de conflits.
Plus on progresse dans la pratique, et plus on en prend conscience.
Daniel TOUTAIN Sensei (uke: Thomas Leborgne) – Aiki Dojo de Rennes – 12/2004
Le travail des armes permet d’obtenir
les bonnes formes de corps…
Point 9 – Penser Un / Plusieurs
Il faut appréhender ses adversaires multiples dans leur ensemble, comme un adversaire unique. Inversement, lorsqu’on a qu’un seul adversaire, il faut se référer aux mouvements à réaliser contre plusieurs.
La meilleure façon de ne pas s’opposer à la force d’une attaque (c’est à dire de faire l’awase avec elle), c’est d’en imaginer plusieurs en même temps à contrôler.
L’emploi de ce principe permet d’avoir les bons dégagements, sortir des lignes d’attaques, et une distance correcte par rapport à ses opposants.
SAITO Morihiro Sensei à l’Aiki Dojo de Rennes © 1998 D. Toutain.
Dans cette technique « ninin dori », on voit clairement
les deux adversaires ne faire plus qu’un.
De même, pour être efficaces, les techniques doivent être réalisées avec tout le corps et non seulement avec les bras. Un aikidoka doit considérer son propre corps dans son ensemble. Chaque partie de corps: bras, hanches, pieds… doit contribuer, de concert, à la réalisation de la technique. Avant d’apprendre à « faire l’awase avec un adversaire », il faut apprendre à « faire l’awase avec les propres parties de son corps »… le travail des suburi est là pour ça.
Point 10 – Avoir l’Esprit Budo
Enfin, et ce n’est pas le moindre, il faut garder l’esprit Budo durant la pratique. SAITO Hitohira Sensei explique qu’il faut réaliser chaque technique comme si c’était une question de vie ou de mort. Par exemple pour la pratique des suburi, il est important de visualiser un adversaire imaginaire pour chacun des suburi.
SAITO Hitohiro Sensei et Tristao DA CUNHA Sensei – Stage à Rennes 10/2003
En France, on utilise la maxime « mettre du cœur à l’ouvrage », pour signifier qu’il faut travailler avec énergie et enthousiasme, sans acharnement. Avoir l’esprit Budo, c’est mettre du cœur à l’ouvrage lors de la pratique, et c’est aussi garder en mémoire que l’adversaire peut à tout moment changer d’intention et donc de forme d’attaque : il faut rester vigilant.
De même que le tableau exprime le ressenti du peintre, le morceau joué celui du musicien, les techniques que nous réalisons sont l’expression de ce que nous sommes au fond de nous-même.
– 14 Mars 2010
Publiched 14 mars 2010 – Last Updated on 4 juillet 2023 by Eric Savalli / Aikido Blog .net
Merci pour cet article très intéressant, mais pour les débutants, ce serait sympa de rajouter un petit lexique 😉 même si je sais que certains termes japonais n’ont pas vraiment d’équivalent français. Pour certains il faudrait une phrase pour expliquer le concept… En tous cas, MERCI
Merci Elna. Un lexique est disponible à cette page : https://aikidoblog.net/fr/aikido/lexique-terminologie/ J’espère qu’il contient les termes essentiels.
Merci pour votre commentaire, au plaisir.
Je vous salut et je vous en prie,pratiquer de l aikido,on ne se fera plus d mal,seulement se maitriser et maitriser,je viens apene de l decouvrir c bien c bon….la sante , la securite…..venez pratiquer d l aikido,vous verez bien,
Le plaisir,la perseverance ,pour les pratiquants de l aikido.(budo)
Frič Martin a traduit cette page en tchèque. Elle est visible ici :
http://www.aikidoliberec.cz/aiki-texty/
j adore aïkido
j adore l aikido
j’aime l’Aikido parsque le vrai Arts
bonjour -reflexion faite par un pratiquant sur le point 9 : ninindori (photo de SAITO SHIHAN) ce n’est pas plusieurs ???? que repondre a quelqu’un qui dit que DEUX personnes ce n’est pas plusieurs ??? la j’avoue que j’en reste baba!!!!je n’arrive pas a suivre sa pensée car en plus il est convaincu de cela ! merci si quelqu’un peut m’aider – salut a tous
On écrit « 1,5 adversaires… » avec un S, alors 2… 🙂
merci beaucoup!
Je suis encadreur d’aikido à Kinshasa/rdc.
C’est vraiment capital d’intégrer ces points dans la pratique, mais toute fois c pas tjr facile de s’adapter sans des explications aussi bien établies… Continué ainsi… Merci
Merci pour votre message. je vous souhaite tout le meilleur à vous-même et à vos élèves.
Bonjour, je m’appelle Hilde. Je suis hôtesse de l’air chez Brussels Airlines et je pratique l’aïkido pendant 9 ans. Je l’adore. Je viens régulièrement à Kinshasa pour mon travail et ça me ferait plaisir si je pouvait m’entraîner de temps en temps pendant mon « stop » à Kinshasa. Malheureusement je ne sais pas un endroit à Kinshasa où je pourrais pratiquer. Seriez-vous capable de me donner plus d’informations ? Merci pour votre réponse avec les meilleurs salutations!
merci pour ses fondamentaux trop souvent oublié ou pire encore inconnus, la qualité des (arts martiaux) dans beaucoup de dojos en France, que ce soit aikido karaté ou autres diciplines martiales, sont bien amputé malheureusement par ce manque de connaissance éssentiel.
Merci pour votre commentaire Ludo. C’est vrai que plusieurs de ces principes ne sont pas l’exclusivité de l’Aikido et sont aussi applicables à d’autres arts martiaux… Heureusement 🙂
Merci, pour ces informations.
Amicalement.
T. F.
Merci à vous également. N’hésitez pas si vous avez des questions, j’essayerai d’y répondre.
Bien amicalement,
Eric
Quelle est le point commun entre l’aïkido et le ninjutsu ? Il y en a forcément un.
je suis tres content et vous remercie grandement
Merci Didier, content que cet article vous ait plu. Il est important d’avoir ces points à l’esprit lorsque l’on pratique.
merci a vous!
vous nous faites aimer et ressentir encore plus l’essence de l’aikido.tous mes respects aux Sensei participants.
Elyan Colin,
Aiki-budo-zen Madagascar
Merci pour votre commentaire Elyan 🙂
Bonne pratique de l’Aiki Budo à Madagascar !
Merci pour l’info.
C’est toujours intéressant et enrichissant de lire les réflexions d’un courant autre.
Cordialement
André Lozac’hmeur
Association Sportive de Chantepie – section AIKIDO
Ou 3:http://www.afatj.com/points.html
Merci Nicolas pour ce lien intéressant.
Je trouve que ces trois points sont tout à fait exacts.
/A/ NE PAS ETRE OUVERT
Ce point traité ici:
1-Maîtriser son hanmi et déséquilibrer son adversaire
et aussi 6-Placer les atemi (tout atemi doit être donné sans pouvoir en recevoir soi-même en même temps)
/B/ NE PAS REGARDER […les yeux de son adversaire]
Voir la description du point 3-Faire l’awase
/C/ COMMENCER LE PREMIER
Je suis bien d’accord avec vous. Dans les *démonstrations* filmées d’O’Sensei, on le voit bien initier les techniques.
Votre 3eme point rejoint le point /B/ dans l’idée « d’aspirer » le partenaire et qui est également traiter par le point 3-Faire l’awase.
Comme le disait le fondateur, la *finalité* de l’aikido ne réside pas dans le kihon, le travail des bases, mais bien dans les mouvements fluides. En élaborant ces 10 principes, j’ai essayé d’être exhaustif. Les 3 points que vous mentionnez ne traitent ni de Kiaï ni du Kokyu alors que ce sont là 2 notions absolument fondamentales pour le fondateur.
Au plaisir,
Eric